Couché, assis, debout, je suis toujours la même personne n’est-ce pas ? Comment cela pourrait-il changer quelque chose ?
On pourrait aussi penser que je suis la même personne lorsque je me lève le matin, lorsque je marche en montagne, lorsque je travaille, lorsque je déjeune avec mon amoureux (se) et lorsque je me couche le soir… Bien sûr, ce n’est pas la réalité, comme une rivière qui coule, je suis toujours différent, chaque minute qui passe, chaque expérience me transforme.
«Je suis multiple». Les romanciers et les poètes l’affirment et le prouvent. Cette réalité fait son chemin dans les mentalités comme dans les cabinets de thérapeutes.
«Je suis multiple», et dans une séance, ou un espace de thérapie, la position de mon corps va entraîner et privilégier la présence de l’un ou l’autre de ces «je».
Ces «je» prennent leur source dans ma psyché et influencent mon attitude corporelle. Mon attitude corporelle va aussi induire ou permettre de maintenir l’un de ces «je». Alors, oui la position du corps change quelque chose lors des séances de thérapie.
Vous n’êtes pas la même personne, couché, assis ou debout ; ou plus exactement ce n’est pas la même co-personnalité qui sera présente.
Le fait d’être allongé sur un divan est certainement une très bonne manière de faire appel à un état d’être qui va pouvoir nous donner une certaine distance avec notre Mental, nous permettre de quitter le cerveau logique et séquentiel pour dériver vers des images, la rêverie ; cet état d’attention non focalisée qui permet certaines prises de conscience.
Le fait d’être assis va amener d’autres types de co-personnalités. Le fait d’être assis en face du thérapeute, avec ou sans bureau entre vous et lui, dans des fauteuils de confort ou de hauteur différents, va induire des «je» différents.
On peut aller plus loin. Avec la méthode de Voice Dialogue, nous allons non seulement permettre au thérapisé de changer de position, il pourra être debout, couché, assis sur une chaise, assis au sol ou dans n’importe quelle position qu’il désire et que le lieu permet, mais une place précise sera assignée à chaque «je» qui se présente.
La partie active d’une personne, l’Actif se mettra volontiers debout, ou marchera de long en large et cette mise en mouvement du corps facilitera la prise de conscience de cette co-personnalité particulière. Elle sera plus facile à différencier d’un Observateur, par exemple, qui lui aimera nous parler et nous expliquer son point de vue – sur la vie et sur la personne – en étant assis confortablement en face de nous.
Si nous avons le privilège que le «je» opposé à l’Actif se présente, nous aurons un Cool, voire une partie épuisée qui s’écroulera – se vautrera – dans un fauteuil si la permission lui en est donnée, et qui nous parlera d’une toute autre manière, avec un tout autre point de vue.
Par contre, nous voyons mal la co-personnalité, ou l’Archétype, du Héros être couché ou même assis…
Ce jeu, un siège – un espace physique – pour chaque co-personnalité rencontrée dans le temps de la séance, va beaucoup plus loin qu’une simple mise en scène. Cela permet de visualiser et de clarifier les différents «je» qui s’entremêlent de façon très complexe chez une personne. Cette façon de travailler avec le corps permet de dénouer l’écheveau, de défaire les noeuds, pour que les différentes couleurs puissent ensuite se tisser de nouveau, «sans noeuds» ou avec moins de heurts.
Cela permet à la couleur d’un des «je» présents, d’un des états du moi, pour employer un autre vocabulaire, de pouvoir être approfondie, connue puis plus tard reconnue, grâce au sentiment corporel que cette énergie amènera.
Une Victime ne choisira pas, dans la pièce, le même siège que l’Orateur et n’aura pas le même sens corporel ; une voix sage et paisible aime être assise bien droite ; l’Agressif a besoin d’être debout ; l’Enfant Vulnérable aime s’asseoir, voire se cacher derrière quelque chose qui l’enveloppe et le protège. Le Patriarche ne parlera que debout, la partie timide regardera par la fenêtre et se présentera de biais. Le fait d’être assis au sol va faire naître de toutes autres sensations, mémoires et émotions, que le fait d’être assis sur une chaise.
Nous vivons la vie que nous créent nos différentes co-personnalités, pouvoir les explorer, les identifier et s’en décaler nous permet de transformer notre vie. Cette liberté du corps, en thérapie, prend alors toute son importance : si l’on considère la multiplicité des parties qui disent «je» chez une personne, la possibilité de se tenir de différentes façons dans le cabinet d’un thérapeute favorise l’exploration de cette multiplicité.
Le fait de pouvoir bouger nous sort de l’identification à une seule et même partie de nous : le Mental dit Rationnel, (à l’exploration, il ne l’est pas toujours, surtout lorsqu’un petit vélo tourne dans sa tête). Le seul qui peut être assis et parler ou travailler sans jamais avoir besoin de se lever ou de bouger son corps est ce «je» que nous nommons le Mental Rationnel. Ce « je» ne ressent pas, il analyse et raisonne, il nous permet de faire un grand travail en thérapie comme dans la vie mais il a clairement ses limites.
Explorer les différentes co-personnalités sans le filtre de ce Rationnel nous permet de comprendre infiniment mieux nos énergies non mentales, nos émotions, par exemple, non logiques et non rationnelles par définition, ou nos énergies transpersonnelles ou d’autres plus instinctives. Toutes sont importantes à connaître et explorer, toutes participent à notre richesse.
Alors oui, couché, assis, debout, cela fait une différence : chaque co-personnalité a ses préférences.